dimanche 2 septembre 2012

Cordonniers : le retour ?

Le fait que le métier de cordonnier, comme nombre de métiers artisanaux, ait frôlé la disparition au cours des dernières décennies n'étonnera personne, mais on sera tout de même surpris par l'ampleur de ce déclin.

Il y avait, en effet, 45.000 cordonniers en 1950, mais aujourd'hui leur nombre est tombé à 3.500,  selon la Fédération française de la cordonnerie et du multiservice. Ce qui veut dire qu'on est passé d'une moyenne de 1.25 cordonnier par commune en 1950 à un cordonnier pour 10 communes aujourd'hui. 

Les raisons sont évidentes: la masse de la clientèle, aujourd'hui, achète des chaussures bon marché qu'elle jette lorsqu'elles sont usées. Amorcée au début des années 1990 lors de l'arrivée sur le marché français des chaussures d'Europe de l'Est, de la péninsule ibérique et de Turquie, cette tendance a connu son paroxysme dans les années 2000, avec l'entrée de la Chine dans l'Organisation Mondiale du Commerce, le démantèlement de ce fait des barrières douanières, et le tsunami de chaussures à prix cassé qui s'en suivit.

Ceci a entraîne le même phénomène que dans le secteur du textile, de l'électroménager et même de l'informatique: la disparition de la production nationale et l'apparition du concept du "jetable", de l'approche "kleenex", car quand on achète "pas cher" il est plus économique de jeter et racheter du neuf que de réparer.

Or, il semblerait que le balancier air amorcé son retour en arrière grâce à la conjonction de deux mouvements distincts: la crise économique, et le développement durable, qui s'opposent tous deux à la notion du "jetable", et qui font que l'on y réfléchit à deux fois avant de jeter quelque chose.

C'est ainsi que, un peu comme M. Séguin (Honte à l'auteur! Il s'agit bien sûr de Monsieur Jourdain, et non Séguin--corrigé le 10/10) qui faisait de la prose sans le savoir, l'on revient sans trop y réfléchir à la philosophie de nos grand-mères, qui n'étaient pas assez riches pour acheter bon marché. Et ceci veut dire que l'on s’interroge de plus en plus pour savoir s'il vaut mieux acheter de la "qualité réparable" ou du "pas cher jetable".

Dans un précédent "post", nous avons examiné l'économie de la chaussure de qualité, en concluant qu'une chaussure cousue Goodyear coûte, sur dix ans, une moyenne de 45 euros par an, entretien et réparations comprises. Combien de temps durera une chaussure achetée 100 euros? Et quelle plaisir et quel confort vous donnera-t-elle?

Le retour du cordonnier?

On voit donc tout l'intérêt d'une chaussure de qualité réparable, et donc le besoin de cordonniers sachant effectuer ces réparations. Sans être encore un phénomène de mode, le retour du cordonnier est un atout pour l'industrie de la chaussure dans son ensemble, pour les villages et autres communes en mal de commerces, et pour les consommateurs que nous sommes, qui trouveront chez ces nouveaux cordonniers plusieurs services (clés, plaques d'immatriculation, tampons, cartes de visite) qui se sont raréfiés dans les autres types de commerces.

La cordonnerie d'aujourd'hui n'a rien plus rien à voir avec ceci
C'est pourquoi il ne faut pas dédaigner un cordonnier parce qu'il ne se consacre pas uniquement à la réparation de chaussures; en dehors des gros centres urbains, ces activités annexes sont le seul moyen pour qu'un cordonnier survive, et le véritable amateur de chaussures doit, au contraire, en être reconnaissant. Le seul critère qui vaille est celui de la qualité: est-ce un bon ou un mauvais cordonnier?

Le fait qu'il vende ou non des tampons ou des plaques d'immatriculation ne devrait pas influer sur la décision de lui confier ou non vos chaussures: seules comptent ses compétences en cordonnerie. Et le bon cordonnier se trouve, comme n'importe quel autre commerçant, en interrogeant ses proches, et même aujourd'hui en interrogeant les forums spécialisés sur Internet.

Mais il faut également savoir que les marques que nous importons et vendons sur notre boutique en ligne, Britannic Shoes, offrent un service souvent méconnu ou ignoré: la possibilité de reconditionner une chaussure à neuf.

Rénovation "chez le producteur"

Toutes nos marques proposent en effet ce service: elles reçoivent les chaussures, les mettent en pièce, changent les pièces qui doivent l'être (semelle, trépointe, talon, cambrion, semelle intérieure etc.) et reconstruisent la chaussure sur la même forme qui avait été utilisée pour leur production. On obtient donc une chaussure parfaitement rénovée par les mêmes professionnels qui l'ont produite, avec l'assurance du travail bien fait, ce qui en fait pratiquement une chaussure neuve.

Quant au prix, il n'est pas négligeable, et fait obligatoirement l'objet d'un devis; on peut estimer qu'il en coûte entre le tiers et la moitié du prix de la chaussure neuve, en fonction du degré de rénovation demandé. Ce n'est certes pas bon marché, mais c'est bien moins cher qu'une chaussure neuve.

Si une chaussure Goodyear achetée 300 euros vous coûte 45 euros par an sur 10 ans, une chaussure Goodyear ainsi rénovée vous coûtera environ 450 euros, mais sur 20 ans, donc moins de 25 euros par an. Voilà une véritable économie par rapport à la chaussure jetable à 100 euros, qui durera peut-être un an ou peut-être deux.

Donc, artisan cordonnier ou retour à l'usine, les solutions existent pour assurer un entretien de qualité à vos chaussures de qualité: il suffit d'user de son discernement.


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