mercredi 3 avril 2013

Chaussures "faites main":
La Commission européenne nous donne raison

Nous avons déjà expliqué ici et ici nos divergences de vues avec l'état français, qui depuis 1948 limite, en matière de chaussures, l'utilisation du terme "fait main" aux seuls bottiers.

Nous estimons, a contrario, que les chaussures anglaises que nous importons en France sont "faites main", même si ce n'est pas le cas au regard du droit français, car même s'il est largement fait usage de machines dans leur fabrication, la main de l'ouvrier intervient en permanence, comme le montrent les vidéos des producteurs, ici et ici(La deuxième vidéo porte d'ailleurs le titre: "How traditional English shoes are hand-made.")

Nous avions donc porté cette affaire devant la Commission européenne, estimant que la loi de 1948 contrevenait au principe de libre circulation des marchandises au sein de l'Union, et qu'elle constitue en outre un "obstacle technique au commerce intracommunautaire" que le droit européen proscrit.


Montage de la tige sur la forme avec une machine pneumatique
Dix-huit mois après, la Commission nous a donné raison. Elle vient de nous informer que :

"L'instruction de votre plainte a conduit la Commission à considérer qu'une infraction au droit de l'Union européenne était susceptible d'être constituée. En vertu de l'article 258 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne (TFUE), elle a donc décidé d'envoyer une lettre de mise en demeure aux autorités françaises. Cette lettre constitue la première étape officielle de la procédure de manquement au droit de l'Union visée par l'article 258 précité."

En effet,

"Aux termes de la mise en demeure, la Commission estime que le régime actuel de dénomination des chaussures « fait main » en France constitue une mesure d'effet équivalent à une restriction quantitative contraire à la libre circulation des marchandises consacré par l'article 34 TFUE et non justifiée au titre de l'article 36 TFUE."

La France a deux mois pour répondre.

Nous attendons avec intérêt la réponse des autorités françaises, mais nous estimons toujours qu'elles auront du mal à justifier, comme le stipule la loi n° 48-824 du 14 mai 1948, que l'on puisse admettre l'utilisation de machines pour certaines opérations de production de chaussures "faites main," mais pas pour d'autres.

En fait, chez les producteurs britanniques, les machines ne sont utilisées que pour certaines opérations (formage, coutures, marquage), mais ces opérations sont toujours effectuées à la main par un ouvrier spécialisé et généralement très expérimenté étant donné le coût des matières premières. Il ne s'agit donc pas d'une production de masse, même si ce n'est pas une fabrication exclusivement à la main.
Couture de la trépointe sur la tige à l'aide d'une machine.
Mais, de nos jours, que fabrique-t-on encore exclusivement à la main? Et quel avantage retire-t-on d'une telle fabrication?

La loi de 1948 avait été promulguée dans l'immédiat après-guerre pour protéger une profession artisanale menacée. Mais le temps a passé, et les rares bottiers encore en activité sont généralement florissants, et n'ont pas besoin d'une loi archaïque pour les protéger des dures réalités du marché. En outre, entre leurs chaussures sur mesure à plusieurs milliers d'euros et les chaussures à quelques centaines d'euros des producteurs britanniques, aucune confusion n'est possible: nos clients achètent les yeux ouverts, et aucune confusion n'est possible.

En fait, la loi de 1948 était basée sur une confusion lexicale: le législateur de l'époque a protégé le terme "fait main" alors qu'il voulait en fait protéger la notion de "fait sur mesure," caractéristique du bottier, entre autres.

Ces derniers, des professionnels qui fabriquent des vêtements "sur mesure" en utilisant des machines (à coudre et à repasser, entre autres), n'ont jamais ressenti le besoin de s'attribuer l'exclusivité du terme "fait main." Pourquoi en serait-il autrement pour les bottiers, et pour eux seuls ?

Pour la prochaine étape, rendez-vous dans deux mois.....si les autorités françaises répondent dans les délais.

En attendant, vous pouvez trouver une large gamme de chaussures "hand-made" (pas encore "faites main," pour quelques mois) dans notre boutique en ligne, Britannic Shoes, et notamment nos dernières-nées, des desert boots fabriqués artisanalement dans le Suffolk anglais à nos spécifications.


mardi 5 mars 2013

L'artisanat anglais à vos pieds:
les nouvelles bottines Suffolk Boots

Importateur exclusif des brogues irlandais, Britannic Shoes est toujours à la recherche de produits d'exception permettant à ses clients de se chausser avec des produits de qualité sans nécessairement faire l'impasse sur une certaine originalité.

C'est dans cette optique que nous sommes très heureux d'annoncer l'arrivée dans notre boutique virtuelle de deux nouveaux modèles produits par une entreprise artisanale du sud-est de l'Angleterre, Ray's Veldts: le desert boot Ethelred et le chukka boot Red Oak.

Le desert boot Ethelred
Ces deux modèles partagent une même origine, et les mêmes caractéristiques: il s'agit de modèles fabriqués artisanalement, quasiment à la commande, selon les techniques les plus traditionnelles, par une petite entreprise artisanale.

Autant que faire se peut, elle utilise des matières premières fabriquées en Angleterre, sauf pour certains textiles techniques et certaines semelles italiennes (Vibram). Jusqu'ici, elle écoulait l'essentiel de sa production dans sa région du Suffolk, sur la côte orientale de l'Angleterre.

Nous avons été attirés par cet aspect artisanal, mais surtout par la qualité qu'il permet: les chaussures sont faites à la main, et les cadences à l'ancienne permettent à un même ouvrier de fabriquer une paire de chaussures du début jusqu'à la fin. Chacun fait donc un contrôle continu de la qualité, avant le contrôle final effectué par le chef d'entreprise.

jeudi 31 janvier 2013

Pourquoi les hommes ne portent-ils plus de talons hauts?

Je reprends cette chronique après plus d'un mois d'interruption en raison d'impératifs professionnels liés à mon véritable métier.



Sous ce titre intriguant, le site web de la BBC s'est lancé dans une longue et intéressante étude des talons hauts qu'ont porté jadis les hommes. Et il en ressort que, pendant des siècles et jusqu'à une époque relativement récente, les talons hauts étaient un élément de mode essentiellement masculin.

Les talons hauts, comme le savent bien les femmes, ne sont ni pratiques, ni confortables, et en les portant il faut éviter les pelouses, les rue pavées, et le verglas - et même, si on porte des talons aiguilles, les beaux parquets. En fait, on en arrive à se demander si ces talons hauts ont bien été inventés pour la marche - et avec raison, car à l'origine ce ne fut pas du tout le cas.

"Les talons hauts étaient portés pendant des siècles par les cavaliers du Moyen-Orient et de Perse,"  dit Elizabeth Sammelhack, du Bata Shoe Museum à Toronto, "car il était essentiel qu'ils puissent se caler, debout dans leurs étriers, pour pouvoir décocher leurs flèches avec précision."

A la fin du 16ème siècle, le Shah Abbas 1er de Perse disposait de la cavalerie la plus puissante au monde et, recherchant des alliés pour vaincre son ennemi héréditaire, l'empire Ottoman, il dépêcha en 1599 la première ambassade perse en Europe, qui se rendit auprès des cours royales de Russie, de Norvège, d'Allemagne et d'Espagne.

La chaussure perse remporta un vif succès en Europe
Cette mission diplomatique déclencha une vague d'intérêt pour toutes les choses perses, et les aristocrates de ces pays adoptèrent la chaussure perse, qui donnait une apparence virile et masculine à celui qui la portait. Lorsque ces chaussures commencèrent à être adoptées par les classes moyennes, les aristocrates s'en démarquèrent en adoptant des talons toujours plus hauts. Bien entendu, ce genre de chaussure était parfaitement inadaptée aux rues boueuses et impraticables de l'Europe du 17ème siècle, mais cela faisait justement partie de leur attrait.

jeudi 3 janvier 2013

Bonne et heureuse année à nos lecteurs et amis

L'équipe de Britannic Shoes et moi-même, auteur de ce blog, souhaitons aux lecteurs et amis de la maison des Belles Pompes, ainsi qu'à tous les amateurs de belles pompes qui ne nous connaissent pas encore, une bonne, heureuse et prospère année 2013.

Les exigences de mon activité principale m'ont laissé peu de temps ces dernières semaines pour tenir à jour ce blog, mais la situation devrait s'améliorer prochainement, me permettant ainsi de continuer à explorer les recoins les moins connus du monde de la chaussure britannique, et européenne, mais toujours de qualité.

En attendant, profitez de cet intervalle pour me faire part de vos questions, de vos suggestions de sujets à traiter, et de toute autre réflexion concernant notre champ d'intérêt, et je ferai mon possible pour y répondre.

A vos claviers, donc.


Avec nos remerciements à Angela Sacco (http://angelasacco.perso.sfr.fr/) à qui nous avons emprunté cette belle image.