vendredi 14 décembre 2012

Quand le nec rencontre le plus ultra

Si on aime les belles chaussures, on aime généralement les belles choses, et quand on aime, on ne compte pas.... Cette transition un peu rapide semble avoir inspiré un malletier bordelais qui réalise, depuis une dizaine d'années, de très belles malles sur mesure, et dont certaines sont destinées à l'amateur de chaussures, qui peut ainsi y mettre à l'abri toute sa collection et tous les accessoires nécessaires à son entretien, et les transporter à sa guise. Et même, par les temps qui courent, les emmener avec lui en Belgique ou en Suisse, sans risque de les abîmer.

Si votre oncle d'Amérique vous a demandé ce qui vous ferait plaisir pour Noël, voici donc la réponse toute trouvée!

La malle Palace
Cet artisan bordelais, Franck Tressens, réalise sous sa marque Ephtee divers modèles de malles dont les contenances s'échelonnent de six à 30 paires de chaussures, avec à chaque fois des fonctionnalités originales: table de travail escamotable, sièges, plans de travail....tout, semble-t-il, peut être envisagé.

La marque propose également une large gamme d'accessoires plus simples, allant du tapis de cirage en cuir aux coffrets et mallettes d'entretien en bois et cuir, et allant même jusqu'au "banc de cirage" et - comble du raffinement ou summum de la démesure - au siège de cirage baptisé Figaro, dont voici la description qu'en fait son concepteur:

Siège sur roulettes en bois laqué, assise et parements en cuir, et laiton massif encastré, il est parfait pour ranger tous les accessoires de cirage. Une tablette dépliable est à la disposition du cireur pour stocker les chaussures en cours d’opération.

Ce sont, indiscutablement, de très beaux objets, et dont le prix est à la mesure de leur qualité apparente. Notre demande de renseignements sur les prix a été ignorée, mais nous avons néanmoins pu trouver des articles de presse faisant état de chiffres assez extravagants. Jugez-en vous-même:

La malle JD contient 14 paires
La malle JD, qui contient 14 paires de chaussures, coûte déjà 15.000 euros, d'après un tarif Ephtee relevé sur un forum - ce qui fait tout de même environ 1.000 euros par paire rangée. Cette malle mesure 145 cm de haut, 55 cm de large, et 65 cm de profondeur, et comporte, visibles sur la photo ci-contre, des formes pour le glaçage. Elle joint donc l'utile à l'agréable. Mais une question vient alors à l'esprit: que faire si on possède 15 paires?

A ce niveau de prix, on hésite alors même à imaginer combien pourrait coûter la malle Palace, largement plus grande avec une contenance de 30 paires, et qui comporte de grands tiroirs de rangement latéraux, tandis que "le vaste plateau se transforme en cabinet de cirage ou en bureau d'appoint." 

Quant au siège - il s'agit en fait d'un tabouret - de cirage Figaro, qui comporte tiroirs de rangement et autres plateaux rabattables, le tout monté sur roulettes et réalisé en bois souligné de cuir, il coûtait, lui, 990 euros il y a déjà un certain temps.

Il est vrai que certains accessoires sont nettement plus abordables, et sortent largement du rang grâce à une esthétique très réussie. Ils feraient sans doute aussi votre bonheur si votre oncle d'Amérique venait subitement à s'enfuir à la vue du prix de ces malles.

Il y a de quoi. Pour le prix de la malle JD pouvant contenir 14 paires, on peut s'acheter en ces temps de crise une voiture moyenne ou alors, au choix, trois ou quatre paires de chaussures sur mesure chez Lobb (celui de Londres); 15 paires de chaussures prêtes à porter chez Edward Green, ou encore 30 ou 40 paires des plus beaux modèles de Crockett & Jones, ou encore... enfin, vous voyez où je veux en venir.

Le siège Figaro
En fait, plus qu'à des particuliers, ces malles conviennent davantage à des professionnels voulant exposer des produits de luxe dans des salons ou chez des clients, et pour lesquels la facilité de transport que permet la malle sera déterminante. Et dont la société pourra plus facilement absorber le coût que ne peut le faire un particulier.

Cela étant, pour ce qui me concerne, je suis très tenté d’appeler tous mes parents, proches ou éloignés, pour savoir si je n'aurais pas, quelque part, un oncle d'Amérique que j'aurais oublié....


photos (c) Ephtee



samedi 8 décembre 2012

L'étude qui cachait son jeu

Un certain nombre de journaux ont rendu compte d'une récente enquête sur les modes d'achats de chaussures, qui constatait que "seul un consommateur sur dix achète ses chaussures uniquement sur le web", et en concluait que: 

"L'e-commerce de la chaussure peine à séduire les internautes," ainsi que le rapportent avec une belle constance La Dépêche et Le Parisien.

A première vue, des informations intéressantes, et qui méritent d'être approfondies.

On constate alors - mais seulement à la page 9 du sommaire, et seulement si on regarde très attentivement un schéma - que le panel utilisé pour cette étude était, en fait, composé à 100% de femmes, ce qui enlève toute pertinence aux conclusions que l'on a voulu en tirer de façon un peu trop hâtive, pour ne pas dire superficielle.

Ce n'est pas de la misogynie, mais le simple constat que les habitudes d'achat féminines ne sont pas, et loin s'en faut, représentatives de celles de l'ensemble des acheteurs, comme le démontrent d'ailleurs de façon irréfutable les pubs que passent les sites de vente féminins à la télévision.

Au mieux, cette étude pourrait apporter des informations sur les habitudes d'achat en ligne des femmes en matière de chaussures, mais guère plus. C'est pourquoi vous n'en trouverez pas, ici, d'autre citation.

mardi 4 décembre 2012

Les fabricants anglais sont-ils assis sur une bombe à rétardement? (Mis à jour le 6 décembre)

L'industrie anglaise de la chaussure a survécu à bien de crises depuis que l'arrivée des machines à coudre Blake et Goodyear au 19ème siècle permit la mécanisation de la botterie et la fabrication en série des chaussures, révolutionnant ainsi le métier.
C&J ne trouve plus assez d'apprentis
Suivirent les énormes montées en cadence, suivies de compressions brutales, lors des deux guerres mondiales; l'apparition des chaussures synthétiques; puis l'arrivée massive de chaussures bon marché du sud de l'Europe, du Tiers Monde, et plus récemment de Chine.

A chaque fois, l'industrie anglaise sut s'adapter, en se concentrant sur la qualité de sa production, même si chaque crise a provoqué son lot de faillites et de restructurations qui ont éclairci les rangs des manufactures traditionnelles du Northamptonshire, après avoir totalement dévasté celles du Leicestershire, deuxième région anglaise ou s'était développée cette industrie.


Mais se profile à l'horizon un danger encore plus grave, car il vient cette fois de l'intérieur, et auquel personne ne pensait réellement: les jeunes anglais sont de moins en moins attirés par les métiers de la chaussure, qui ont cependant comblé la génération de leurs parents.

lundi 3 décembre 2012

Soin des chaussures: arrêtons le délire

Nous avons tous lu des récits des prétendues soirées "cirage" qu'organiserait une célèbre marque de chaussures parisienne pour ses meilleurs clients, et où après un dîner dans un restaurant réputé on enlèverait le couvert, on sortirait les chaussures que les convives avaient apportées, et l'on continuerait la soirée en glaçant tous ensemble ses chaussures au champagne Dom Perignon tout en se racontant des histoires de chaussures.

Il est assez désolant de penser que des adultes puissent porter la passion pour leurs chaussures jusqu'à de telles extrémités, mais rassurez-vous: il n'est nullement besoin d'en arriver là pour que vos chaussures soient toujours impeccables. Comme pour les meubles ou l'argenterie, l'entretien de vos chaussures ne nécessite que de l'huile de coude, quelques accessoires simples et, peut-être, un peu d'eau. Gardez donc votre champagne pour le boire avec vos proches, c'est bien plus agréable.