On apprend de la bouche de Jean-Pierre Renaudin, le président de la fédération, dont les propos sont rapportés par l'AFP, que l'année en cours devrait être "stable ou très faiblement négative," avec un repli du chiffre d'affaires de l'ordre de 1-2%. Mais par rapport à quoi?
Infographie (c) Telegramme de Brest |
La FFC indique aussi que les 82 entreprises françaises du secteur productif emploient 5.760 personnes, ce qui équivaut à un chiffre d'affaires par employé de 149.500€. A titre de comparaison, le CA par employé du Groupe EADS, la maison-mère d'Airbus, a été de 313.000€ en 2011: la high-tech rapporterait-elle à peine le double que la chaussure? L'explication, détaillée plus bas, est la sous-traitance.
D'autres informations fournies par la FFC incitent à l'émerveillement. Celle-ci nous indique, par exemple, que l'industrie française a exporté 80 millions de paires de chaussures (alors qu'elle n'en produit que 24 millions, rappelez-vous) pour un chiffre d'affaires de 1.7 milliards d'euros, soit en moyenne un prix de 21,24€ par paire.
Mais on y apprend aussi que les importations de chaussures ont porté sur 481 millions de paires pour un chiffre d'affaires de 4,7 milliards d’Euros, soit en moyenne un prix de revient de 9,71€ par paire.
La FCC vient d'organiser cette expo |
Voilà donc, pour résumer, une industrie qui produit des chaussures à un prix moyen de 35,8€ la paire, les exporte à un prix de 21,24€ la paire, et les vend sur le marché intérieur à 20,7€ la paire. Le compte n'y est manifestement pas.
Il semble bien que la santé toute relative des entreprises membres de la FFC repose largement sur une valse des étiquettes: en effet, on se rend compte que la France importe des chaussures à 9,71€ la paire et les revend 20,7€ la paire sur le marché intérieur et 21,21€ à l'export.
Il n'entre pas dans notre propos de porter un jugement de valeur sur ces procédés, mais simplement de remarquer combien ces chaussures sont vendues bon marché. Qu'elles soient produites en France ou importées, des articles chaussants qui coûtent 10€ ou 20€ à produire ne correspondent vraiment pas à ce que l'on entend habituellement par "chaussure."
Mais il ne s'agit là que de moyennes.
Source |
Par exemple, en 2011 la France a importé 287 millions de paires de chaussures de Chine, pour un coût de 1.342 millions d'euros, soit la somme princière de 4,71€ par paire. On en a des frissons dans le dos.
Il y a plus inquiétant encore. Dans un document annexe, la FFC trace entre autres l'évolution du secteur de la chaussure sur dix ans. On y apprend que, depuis 2002, le chiffre d'affaires de l'industrie française a chuté de près de 50%, alors que les importations ont augmenté de plus de 40% et que les exportations ont augmenté de 70% (voir graphique ci-contre).
Qu'est ce que cela signifie? On serait tenté d'en déduire que l'industrie française de la chaussure ne produit plus -- elle transforme.
Ainsi que le montre ce document annexe, l'industrie française de la chaussure achète des chaussures en Chine, en Italie, au Vietnam et au Portugal, pour ne citer que les principales sources, les transforme, puis les revend en Italie, en Espagne, en Allemagne, en Belgique et ailleurs avec ce que la FFC décrit, avec une grande franchise sur la couverture de sa plaquette, la French Signature. (voir ci-dessous)
Un responsable marketing de la FFC cité dans la même dépêche déclare que "Le 'made in France' est très apprécié sur les grands marchés, aux Etats-Unis, en Asie, Russie, Moyen Orient (...)" -- sauf que les chaussures sont de moins en moins made in France.
Et le président de noter que la France reste aujourd'hui présente dans le luxe, le haut-de-gamme et les marchés de niche très qualitatifs, que ce soit des chaussures professionnelles ou des sandales. "On mise beaucoup sur la création, sur la marque, sur la valeur ajoutée et un peu moins sur la production". On ne peut pas être plus clair...
A titre de comparaison, l'industrie britannique de la chaussure réalise, d'après son syndicat professionnel British Footwear Association, des ventes annuelles de quelques £6 milliards (environ 7.5 milliards d'euros) sur son marché intérieur, plus quelques £500 millions à l'export. Elle compte plus de 130 entreprises qui emploient 9.000 personnes.
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