dimanche 22 janvier 2012

Fabrication à la main & hand-made

Les chaussures de qualité comme celles que vend Britannic-Shoes sont fabriquées selon un processus qui comporte environ 200 opérations individuelles, effectuées par une succession d’ouvriers spécialisés. L’essentiel des opérations est réalisé manuellement, en utilisant des machines si celles-ci apportent un avantage. Au Royaume-Uni, ce processus est qualifié de "hand-made," ou fait main.

Il en est de même en Allemagne, où ce type de fabrication est appelée « hand-gemacht », en Italie (« fatto a mano »), en Espagne (« hecho a mano ») et presque partout à l’intérieur du marché unique européen. Mais pas partout, car comme souvent il y a une exception française : une loi de 1948, en effet, encadre l’appellation « fait main » en de termes très restrictifs (article 1er) :

"La dénomination de qualité "fait main" est exclusivement réservée, dans le commerce de la chaussure, aux chaussures qui ont été confectionnées à la main, sans intervention de la machine, sauf en ce qui concerne l'assemblage des diverses pièces composant la tige."

Cette loi réprime par une amende de 3.850 euros, et la fermeture du magasin en cas de récidive, l’utilisation de l’appellation « fait main » en dehors de ce cadre étroit.

Nous avons été confrontés à cette étrange réalité lorsque nous avons commencé notre activité ; les chaussures "hand-made" britanniques ne pouvaient plus être décrites de "faites main" dès lors qu’elles franchissaient la Manche. Aucun autre pays européen n’a de semblable législation, que l’on pouvait peut-être comprendre lorsqu’il s’agissait de protéger toute une profession dans l’immédiat après-guerre, mais dont l’objet paraît aujourd’hui désuet.



Cette situation paraît d’autant moins compréhensible qu’elle autorise les machines pour l’assemblage de la tige (le "dessus" de la chaussure) mais les interdit pour le montage de celle-ci sur la semelle. Pour quelle raison ? Pourquoi la machine serait légitime pour une opération, mais pas pour l’autre ? Les motivations du législateur ne sont pas parvenues jusqu'à nous.

Restreindre ainsi les appellations revient à donner au fait main une qualité qu’il n’a pas toujours. Un bottier incompétent fera-t-il nécessairement une chaussure de meilleure qualité que si elle était "cousue Goodyear"? Est-ce que le pull que vous a tricoté avec amour votre vielle tante est nécessairement de meilleure qualité qu’un pull "industriel" Pringle ?

Après réflexion, et moultes consultations, nous sommes arrivés à la conclusion que la loi de 1948 était dépassée ; qu’elle est contraire à la notion même du Marché Unique Européen ; et qu’elle constitue à la fois une entrave à la liberté du commerce et un "obstacle technique au commerce intracommunautaire" que proscrit le droit européen.

Nous avons donc déposé une plainte auprès de la Commission européenne en demandant que la législation française soit mise en conformité avec le droit européen, et que les restrictions imposées à l’utilisation de l’appellation "fait main" par la loi de 1948 soient levées.

Jugée recevable, cette plainte a été enregistrée par la Commission, qui a demandé aux autorités françaises de faire connaître leur position, "afin de déterminer si une restriction des échanges de marchandises au sein du marché intérieur peut être qualifiée, et si elle est justifiée."

Nous sommes confiants qu'à terme les restrictions imposées par la loi de 1948 seront levées, et que le marché français de la chaussure pourra bénéficier, comme le reste de l’Europe, d’appellations réalistes et transparentes, qui reconnaissent la qualité intrinsèque d'un produit sans le juger à l’aune d’impératifs économiques ou techniques de 1948.

Ceci ne signifie aucunement que nous ne soutenons pas la botterie traditionnelle. Bien au contraire, nous annoncerons au cours des prochains mois deux initiatives inédites qui soutiendront cette profession :

-- d’abord, nous proposerons bientôt à la vente des chaussures réalisées sur commande, et dont les semelles seront cousues à la main (hand-welted) ; puis,

-- dans un deuxième temps, nous proposerons des chaussures fabriquées sur mesure, entièrement faites à la main, selon les règles de la botterie traditionnelle britannique.

Ces initiatives prendront forme au cours du printemps, et seront bien entendu annoncées ici aussi bien que sur Britannic-Shoes.fr.

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