dimanche 5 août 2012

Peut-on / faut-il acheter des chaussures d'occasion?

Les voitures, les livres, les meubles....bien de choses peuvent s'acheter d'occasion, sans arrière pensée particulière. Mais en est-il de même pour des chaussures?

Cette question, a priori saugrenue, m'est venue à l'esprit lorsque, tombé par hasard sur un site de revente d'articles de mode, j'ai constaté qu'il comportait plus de 350 paires de chaussures d'homme d'occasion. Il y a donc un marché, mais doit-on succomber à l'attrait du pas cher? Peut-être pas.

Une chaussure vit et en porte les traces

Il faut savoir qu'une chaussure, au fur et à mesure qu'elle est portée, se "fait" à votre pied. La semelle intérieure prend graduellement la forme de celui-ci, en créant son empreinte dans la couche de liège sous-jacente. Le cuir de la tige est aussi déformé - de façon visible, ou pas - par la flexion lors de la marche, et la semelle et le talon s'usent là où ils frottent sur le sol.

Ce processus, que les amateurs de chaussures cousues Goodyear connaissent bien, peut être un peu douloureux, et dure quelques jours, en fonction de la durée de chaque port et des efforts que l'on imprime à la chaussure. Ce n'est pas pour rien que le dicton parle de "porter chaussure à son pied," même si s'agit d'une métaphore.


Ce modèle, présenté comme un "derby" de marque Church sur un site de vente d'occasion, serait en "Très bon état, quasi jamais porté." Pourtant, de grands plis d'aisance diagonaux sont bien visibles; des patins en caoutchouc cachent la semelle mais pas les talons, qui semblent très marqués. Il est proposé à 490€, alors que le même modèle, neuf, est vendu 500€ (ou £355) par Church. Quel intérêt?


C'est également au cours de ce processus qu'apparaissent les premiers plis, dits d'aisance, sur la tige. Il n'y a aucun moyen de les éviter; on peut juste les atténuer en veillant, lors de l'achat, à ce que la chaussure ne soit pas trop longue, puis à toujours utiliser un embauchoir (en bois non verni, idéalement du cèdre rouge) dès que l'on se déchausse, c'est à dire lorsque le cuir, humide et chaud, est le plus à même de reprendre sa forme.



Ces plis d'aisance sont généralement perpendiculaires au sens de la marche, mais il en existe également de diagonaux, ces derniers étant le signe d'une chaussure trop grande. Des plis plus petits peuvent également apparaître sur le côté interne, à hauteur de la cambrure : ils témoignent alors d'une chaussure trop large.

Dans tous les cas, le cuir plisse lorsqu'il y a trop de matière, donc lorsque la chaussure est trop large ou trop longue pour le pied qui la porte.

Il résulte de tout ceci qu'une chaussure déjà portée plus d'une fois ou deux en témoignera, inévitablement, par des plis et autres marques d'usure faits par un autre pied. Il est donc tout aussi inévitable qu'une chaussure d'occasion aura bien du mal à se faire à un deuxième pied.

Il y a aussi une autre raison de se méfier des chaussures d'occasion: on ne sait rien de la manière dont elles ont été entretenues. Ont-elles eu droit à des embauchoirs? Ont-elles été pommadées, crémées et cirées, ou ont-elles simplement été passées à une épongé imbibée de lustrant chimique? Seul un examen visuel détaillé permettra de la dire, et cela est difficilement réalisable avec des photos.

Mais acheter d'occasion, pour quelle économie?

Il est clair que seules de chaussure de grande marque, et dont le prix est diminué d'au moins la moitié par rapport au prix de vente en magasin, pourraient justifier un achat d'occasion, avec tous les inconvénients et risques qu'il comporte.

Attention: nous parlons de grandes marques de chaussures, et non pas de prétendues grandes marques de mode qui commercialisent des chaussures en tant que produit dérivé à marge bénéficiaire élevée. Et nous ne parlons surtout pas de chaussures faites sur mesure et proposées à la vente d'occasion: là, par définition, la déconvenue est assurée.

Or, les chaussures de ces grandes marques sont vendues dans une fourchette de prix de 500€ à 800 euros, ce qui mettrait leur prix à 250€ - 400€ sur le marche de l'occasion. Un prix inférieur serait le signe d'un article en mauvais état, ou bradé pour s'en débarrasser, et donc d'un mauvais achat.

Voilà donc la conclusion: à moins d'acheter des chaussures jamais portées (et là, la décote est marginale; autant acheter directement en boutique), un achat d'occasion permet d'obtenir des chaussures souvent marquées, faites au pied de quelqu'un 'autre, et dont on ignore comment elles ont été entretenues. Sans oublier qu'un achat d'occasion, entre particuliers, est définitif, un vendeur n'ayant aucune obligation de remboursement ou d'échange. Sans oublier, non plus, qu'un achat à un particulier n'apporte aucune garantie sur l'origine de la chaussure, qui pourrait en fait être une contre-façon chinoise ou indienne. Et sans oublier - mais là, c'est visible - que le vendeur aura peut-être monté des fers encastrés ou des patins an caoutchouc, deux non-sens absolus mais qui perdurent..... 

Du neuf au prix de l'occasion?  De l'occasion au prix du neuf?


Dans cette gamme de prix, on peut acheter des chaussures neuves d'excellente qualité; avoir le droit de les échanger une ou plusieurs fois, jusqu'à trouver chaussure à son pied; et être parfaitement rassuré sur l'origine de ce que l'on achète.

Et, si l'on achète ces chaussures sur un site marchand français, on bénéficie de la protection de la législation française tout en échappant au risque de change et aux taux de change fantaisistes. Avez-vous, par exemple, jamais comparé la différence des prix affichés en livres ou en euros, par les sites de marques célèbres? C'est instructif de voir comment le consommateur peut se faire abuser....

Donc, avant de vous laisser tenter par un achat d'occasion allez plutôt faire un tour sur notre boutique en ligne, Britannic Shoes, où des chaussures de très grande qualité - et notamment des productions artisanales de Robinson's Shoemakers - sont en vente à des prix plus que compétitifs.

Et toutes sont garanties neuves, et ce sans supplément de prix!



5 commentaires:

  1. Bonjour,
    Pourriez-vous préciser pourquoi selon vous "des fers encastrés ou des patins an caoutchouc" sont "deux non-sens absolus" ?
    Merci d'avance!

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    1. Bonjour. Une chaussure de qualité a été dessinée et produite en tenant compte d'un équilibre général destiné à assurer une marche confortable.
      La pose de fers (encastrés ou pas, d'ailleurs) altère cet équilibre, et de plus porte atteinte à l’homogénéité de la semelle, permettant à eau et saletés de s'y introduire.
      Quant aux patins en caoutchouc, ils modifient, eux aussi, l'équilibre général de la chaussure, et de plus empêchent la semelle de respirer, avec tous les désagréments qui s'en suivent.
      A ce moment-là, autant acheter tout de suite des semelles en caoutchouc, qui sont plus adaptées à la chaussure et qui n'en altèrent pas l'intégrité.
      En définitive, n'oubliez pas que, si aucun producteur de chaussures de qualité ne pose jamais de fers, ni de patins en caoutchouc, ils ont des raisons valables de ne pas le faire.

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  2. Bonjour,
    ça ne me dérange pas du tout de porter des chaussures d'occasion. Surtout s'ils sont d'une vraie marque.

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  3. J'ai acheté des chaussures d'occasion, je pensais les ramener chez le cordonnier pour les "ressemeler" mauvaise idée ? Bon article merci !

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  4. Bonjour.
    La solution idéale serait de les renvoyer à l'usine pour faire remplacer l'ensemble de la semelle, ce qui a un coût non négligeable et n'est en définitive intéressant qu'avec des chaussures en très bon état. Autant en acheter des neuves, à moins que votre budget ne soit très serré. Mais il n'est pas évident que des chaussures d'occasion soient confortables, ce qui doit tout de même rester leur qualité première.
    Dans les faits, une telle rénovation n'est justifiée que pour des modèles historiques, ou de collection.

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