Dans cette deuxième catégorie, il y a une sous-espèce particulièrement pernicieuse: celle des produits dérivés. Il s'agit de sociétés qui font fabriquer des chaussures de piètre qualité qu'elles revendent à prix très élevé grâce à la confiance que leurs marques inspirent aux consommateurs.
Nous avons tous eu l'occasion de nous rendre compte de cette supercherie en regardant certains de ces produits dans les magasins ou, endroit plus surprenant, dans les boutiques d'aéroport. Mais, à moins d'en avoir acheté, nous n'avions aucun moyen de savoir, précisément, comment vieillit ce type de chaussure, ce qui est le vrai test de leur qualité.
Or, les sites de vente d'occasion offrent un moyen très intéressant de constater ce qu'il en est. Le résultat dépasse nos pires craintes, et confirme qu'en matière de chaussures, mieux vaut ne se fier qu'aux marques réputées de chaussures, à l'exclusion des marques génériques de mode.
Nous avons ainsi sélectionné quelques exemples que nous regardons de plus près ci-dessous. Tous étaient proposés à le vente début août, parfois depuis un an ou plus....on comprendra pourquoi.
Nous commencerons cette série avec des
Richelieu de chez Prada
Prada, la célèbre marque italienne, est bien connue des amateurs de belles chaussures car c'est elle qui a racheté la célèbre manufacture Church, dont la qualité a depuis nettement baissé alors que ses prix ont suivi une courbe inverse. Mais que produit Prada sous sa propre marque?
On voit ici une paire de richelieu dont on peut se demander s'ils ont été fabriqués en cuir ou en tissu, tant la matière s'affaisse. On notera, tout d'abord, une succession d'au moins quatre plis transversaux et diagonaux sur l'avant de la tige; des plis marqués sur les côtés extérieurs; d'autres plis sur la languette, et une profusion de perforations qui couvrent près de la moitié de la partie avant.
Ce que l'on ne voit pas, en revanche, c'est la semelle, dont on devrait pourtant apercevoir les bords tout autour de la partie antérieure. Son absence laisse deviner une semelle sommairement collée, et non cousue, ce qui n'augure rien de bon en matière de longévité.
On ne parlera pas de la couleur, mais on notera que la vendeuse décrit ces chaussures, contre toute attente, comme étant en "bon état", et en demande 150€.
Nous n'avons pas trouvé le même modèle dans la boutique en ligne de Prada, où les prix des chaussures pour homme en cuir se situent entre 420€ et 890€, mais il nous faut reconnaître qu'elles paraissent toutes de bien meilleure qualité que celles-ci. Le modèle neuf qui s'en approche le plus est affiché à 420€.
Que peut-on trouver, pour cette somme, chez les producteurs reconnus?
Barker, Cheaney et Loake, parmi les meilleurs faiseurs anglais, proposent de très beaux richelieu aux alentours de 200€ (neufs, bien entendu!), avec des hauts de gamme s'échelonnant jusqu'aux environs de 250€. Sans parler des célèbres brogues irlandais de la manufacture Robinson, dont les prix se situent entre 350€ et 400€.
Mais, là, il s'agit de chaussures d'exception, qui avec des soins appropriés tiendront 10 ou 20 ans, ce qui permettra de les amortir avec une dépense d'à peine 2€ par mois.
En définitive, ce modèle de chez Prada n'a pas grand intérêt, ni en neuf ni en occasion: même à 150€, mieux vaut acheter des chaussures traditionnelles, et neuves.
Chez Britannic Shoes, le premier prix pour une paire de véritables richelieu de chez Loake (l'une des deux seules manufactures britanniques à avoir obtenu un "Royal warrant") se situe à 185€. Y a-t-il de quoi hésiter bien longtemps?
Résultat: Marque mode: 0 Marque traditionnelle: 1
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